Ce n’est donc pas tant l’entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l’homme que sa qualité d’agent libre. La nature commande à tout animal, et la bête obéit. L’homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d’acquiescer ou de résister; et c’est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme; car la physique explique en quelque manière le mécanisme des sens et la formation des idées, mais dans la puissance de vouloir ou plutôt de choisir, et dans le sentiment [ou la conscience] de cette puissance, on ne trouve que des actes purement spirituels, dont on n’explique rien par les lois de la mécanique.
Oeuvres Complètes, préface de Jean Fabre, Edition Michel Launay, 3 Tomes, T. 2, page 210, Paris: Seuil, 1971